L’exécutif américain suspend temporairement les activités d’extraction de gaz et de pétrole dans l’Arctic National Wildlife Refuge. Située en Alaska, c’est la plus grande réserve naturelle des États-Unis et abrite des milliers d’espèces sauvages menacées de disparition. L’ordonnance vise à corriger l’une des dernières et des plus controversées mesures environnementales de l’ancien président Donald Trump.
Le gouvernement des États-Unis justifie la suspension temporaire des contrats d’extraction d’hydrocarbures dans l’Arctic National Wildlife Refuge, en Alaska, alléguant « de multiples lacunes juridiques » du Coastal Plain Oil and Gas Lease Program. Pour cette raison, il annonce « une nouvelle analyse exhaustive des impacts environnementaux possibles du programme pétrolier et gazier » pour déterminer l’avenir des activités d’extraction dans la zone, habitat de multiples espèces sauvages en danger d’extinction. Cependant, la décision de la fin pourrait se retrouver entre les mains de la justice.
« À la lumière des prétendues lacunes juridiques (…), y compris l’insuffisance de l’examen requis par la loi sur la politique nationale de l’environnement, le ministre de l’Intérieur doit, le cas échéant et conformément à la loi, établir un moratoire temporaire sur tous les activités liées à la mise en œuvre du Coastal Plain Oil and Gas Leasing Program, (…) dans l’Arctic National Wildlife Refuge », lit-on dans le texte publié mardi par la cheffe du ministère de l’Intérieur, Deb Haaland, citée par le Agence EFE.
Trump a mis fin à 50 ans de protection du plus grand refuge faunique des États-Unis
Deux semaines avant l’inauguration de Biden, l’administration Trump a vendu aux enchères des contrats de forage dans la soi-disant plaine côtière du refuge.
Avec 7,7 millions d’hectares, c’est la réserve naturelle la plus vaste et la plus primitive des États-Unis. Il abrite des milliers de caribous, d’oiseaux aquatiques migrateurs, de rennes et d’ours polaires. Aussi, près du refuge vivent des peuples autochtones, la Nation Gwich’n, qui depuis des décennies luttent contre l’exploitation de la région. Dans un communiqué, cité par le Washington Post, la communauté se déclare « reconnaissante et encouragée par la nouvelle que l’administration Biden reste fidèle à son engagement à préserver les terres sacrées et le mode de vie des Gwich’in ».
Selon le journal El País, depuis 2017, différents groupes de défense de l’environnement se battent pour empêcher l’arrivée de projets énergétiques dans la zone arctique. Le président Dwight D. Eisenhower l’a déclaré zone protégée fédérale. En 1980, l’administration Ronald Reagan a signé une ordonnance garantissant sa préservation. En 2016, Barack Obama a interdit l’exploration des gisements de pétrole et de gaz dans l’Arctique. Pourtant, Donald Trump a fini par octroyer les contrats pour le faire à la fin de son mandat en 2020 après quelques péripéties judiciaires.
La mesure approuvée par Trump était basée sur le Tax Cuts and Jobs Act, approuvé en 2017 et qui comprenait l’autorisation d’octroyer des contrats pour l’exploitation de gaz et de pétrole dans la zone de l’Arctic National Wildlife Refuge, selon la publication The Atlantique.
Alors que la législation était discutée au Congrès, une étude de l’Université de Yale a révélé que 70 % des Américains étaient opposés à l’extraction d’hydrocarbures sur le territoire vierge.
Un geste environnemental en attente de continuité politique
Depuis qu’il a prêté serment, Biden a voulu symboliser son opposition à la ligne politique de son prédécesseur. « L’Amérique est de retour », a-t-il proclamé. Le nouveau président américain a rétabli l’engagement de Washington envers les accords de Paris sur le climat, décrété la pause des nouveaux contrats d’exploitation d’hydrocarbures et promis la protection de 30% des eaux et terres fédérales d’ici 2030.
Nous sommes de retour dans l’Accord de Paris sur le climat.
– Président Biden (@POTUS) 21 janvier 2021
Cependant, malgré sa volonté de protéger l’Arctic National Wildlife Refuge, un territoire phare, la nouvelle administration n’a pas voulu révoquer d’autres projets énergétiques entrepris sous l’ère Trump.
L’analyste énergétique Pavel Molchanov, cité par le Washington Post, considère que la mesure adoptée par Trump était « un geste politique essentiellement vide et insignifiant ». et la peur de recevoir une campagne négative au niveau de l’image de l’entreprise. « Et la décision de Biden est également symbolique à sa manière. Il n’y a tout simplement aucune envie de la part de l’industrie d’y travailler », conclut l’analyste.
Le poids de la mesure, s’il devient enfin définitif, sera plus facilement évaluable avec un peu de recul. Selon que la politique environnementale reste dans les promesses et les symboles ou si Biden, président du pays responsable du plus grand nombre d’émissions de CO2 par personne (selon EDGAR), veut et parvient à imposer un changement de paradigme énergétique en quatre ans.