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Pour une autre année encore, les chiffres des meurtres de dirigeants environnementaux battent des records: 212 personnes ont perdu la vie en 2019 en défendant leurs territoires. Plus de quatre écologistes sont décédés chaque semaine dans le monde, une tendance qui n'a pas diminué depuis 2015. Plus de la moitié des décès sont survenus dans deux pays seulement: la Colombie, avec 64 et les Philippines, avec 43.
Ces chiffres ne révèlent que des cas confirmés, mais selon le rapport de Global Witness, les chiffres réels sont "presque certainement" beaucoup plus élevés.
Plus des deux tiers de tous les décès sont survenus en Amérique latine. Sur les 10 pays qui comptent le plus grand nombre de dirigeants morts, sept sont d'Amérique latine: la Colombie et le Brésil sont les pays les plus touchés bien que, par habitant, le Honduras soit devenu le pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l'environnement, suivi par la Colombie.
Le secteur des mines et des industries extractives est, encore une fois, le plus meurtrier pour les écologistes et est responsable de 50 des 212 meurtres. Les entreprises actives dans le secteur de l'agriculture et de l'élevage arrivent en deuxième position, suivies par l'exploitation forestière. Ce sont précisément ces industries qui contribuent le plus à la destruction des écosystèmes et donc au changement climatique.
Malgré le travail crucial des défenseurs des terres pour protéger l'environnement et l'équilibre des écosystèmes, ils ne bénéficient pas d'une protection adéquate de la part des gouvernements. France 24 a interviewé la Colombienne Angélica Ortiz, chef indigène et secrétaire générale de l'organisation Fuerza de Mujeres Wayúu qui lutte contre la mine de charbon d'El Cerrejón, dans le nord-est de la Colombie, l'une des plus grandes mines à ciel ouvert du monde. Selon Angélica, les défenseurs qui ne sont pas tués reçoivent des menaces constantes, une surveillance permanente même à l'aide de drones, dans ce qu'elle a qualifié de «guerre psychologique».
En Colombie, les meurtres de dirigeants communautaires et sociaux ont considérablement augmenté depuis la signature de l'Accord de paix en 2016 et plus encore au cours des deux dernières années, depuis qu'Iván Duque a assumé la présidence. Pour la dirigeante indigène Wayúu, "il semble que le meurtre des défenseurs soit devenu naturalisé (…) Il n'y a pas de soutien, ni de programmes de prévention ou de protection adaptés aux territoires" et elle assure qu'il n'y a pas non plus "la volonté politique" de le faire. Angélica Ortiz assure que les défenseurs "font le travail que le gouvernement national devrait faire".