L’art et les dollars, le bureau honni, l’autre SpaceX et les lasers antimensonges

L’art et les dollars, le bureau honni, l’autre SpaceX et les lasers antimensonges

On croyait avoir tutoyé les sommets du n’importe quoi lorsque le prix de l’action Gamestop, une chaîne de magasins de jeux vidéo décatie, avait augmenté de plus de 1 000 % en un an grâce à l’inexplicable acharnement de boursicoteurs en ligne à gonfler sa valeur. Mais le monde des collectionneurs d’art numérique est plus givré encore : un clip vidéo d’un des exploits du roi du basket-ball LeBron James a été vendu pour plus de 200 000 dollars (environ 166 000 euros) à un petit entrepreneur passionné. Les images légendaires sont pourtant toujours visibles et téléchargeables partout sur Internet.

Pour le prix d’une Lamborghini, l’acheteur, explique la radio NPR, n’a même pas obtenu les droits de rediffusion des images. Il ne détient maintenant qu’un code informatique tarabiscoté qui constitue une sorte de certificat d’authenticité lui conférant la propriété de l’original du clip. Ce code est un NFT, un non-fungible token (“jeton non fongible”), un étrange hybride de cryptomonnaie et d’œuvre d’art, dont la valeur peut encore s’apprécier de manière fulgurante sur le nouveau NFT market. LeBron James est au moins plaisant à regarder. On n’en dira pas autant d’autres œuvres : un bizarre dessin animé d’un chat propulsé dans l’espace par un arc-en-ciel s’est négocié pour plus de 500 000 dollars. Un Cryptopunk, un personnage pixélisé conçu par l’artiste Matt Hall, est parti pour 1,5 million de dollars. Le record revient à une vidéo de dix secondes de l’artiste Beeple, adjugée aux enchères pour 6,6 millions de dollars fin février…

Un Zoom sinon rien

Longtemps, il aura suffi d’installer une table de ping-pong dans les bureaux, ou d’offrir des buffets bio gratuits pour attirer les cadres performants et les génies du logiciel vers les sièges sociaux des fleurons de la tech. Maintenant, cela ne prend plus. Bloomberg explique que beaucoup de cadres, après un an de confinement, ne veulent plus revenir au bureau ou accepter les offres des entreprises qui refusent le télétravail.

“Le Covid a lâché la bête, explique l’un d’eux. Et on ne peut plus revenir en arrière.” L’article cite un ingénieur qui a renoncé à une offre de Google, réfractaire au boulot à domicile, pour prendre un emploi moins payé lui permettant de rester en Caroline du Nord, loin des prix immobiliers faramineux et des embouteillages permanents de la Californie. Lassés des rebuffades, les chasseurs de têtes proposent cette option en lettres capitales dès la première ligne de leurs descriptions de poste, et les entreprises en quête de talents jusqu’alors inaccessibles s’adaptent à grande vitesse.

Les équipes de développeurs peuvent s’accommoder de la distance, et, même si Zoom n’est pas une panacée, beaucoup de managers réclament aussi le droit au télétravail. “Quand tout le monde est sur Zoom, ça va, reconnaît un recruteur, mais lorsque toute une équipe se rencontre tout le temps à la machine à café des bureaux californiens et que leur chef vit à l’autre bout du pays, sur la côte Est, ce genre d’arrangement ne dure pas longtemps.”

Avatars

Un jour, les salariés auront même la joie de converser avec un hologramme de leur chef de service. Microsoft, raconte The Verge, fignole son logiciel Mesh, pour lui permettre de bientôt réaliser l’“holoportation”. Les interlocuteurs, munis de casques de réalité virtuelle, se rencontreraient sous la forme d’avatars dans une salle elle aussi virtuelle, et pourraient interagir comme s’ils se trouvaient tous dans les mêmes locaux. Le système permettrait par exemple à des ingénieurs de travailler ensemble sur les mêmes maquettes en trois dimensions. L’inconnue réside dans le prix et l’encombrement du matériel high-tech nécessaire à ces rencontres…

L’inconnu Rocket Lab

Elon Musk par-ci, Elon Musk par-là… Les frasques et les exploits du patron de SpaceX, l’opérateur privé le plus connu de la conquête spatiale américaine, feraient presque oublier qu’il n’est pas seul sur ce marché. Jeff Bezos, titan d’Amazon, n’est pas en reste avec ses lanceurs de Blue Origin, mais il est temps de rendre hommage au numéro trois du business cosmique : Rocket Lab, une entreprise fondée en Nouvelle-Zélande mais implantée aujourd’hui à Los Angeles, fait figure de discret tâcheron de l’épopée, mais, comme le rappelle la MIT Technology Review, elle a tout de même procédé à 18 lancements de ses fusées Electron en moins de quatre ans et expédié plus de 100 satellites en orbite. Mieux : sa nouvelle fusée, Neutron, peut maintenant emporter une charge de huit tonnes et risque de s’aventurer sur les chasses gardées de SpaceX, notamment pour le transport du matériel des futures colonies sur la Lune, et peut-être celui d’astronautes vers Mars…

Lasers et radars

Motherboard se penche sur un rapport du Pentagone récemment déclassifié à la demande de la Fédération des scientifiques américains. Le document, produit en 2008, affirme que les détecteurs de mensonge et toutes les technologies du même type utilisés par les services de renseignements pour démasquer les terroristes étrangers se sont révélés totalement inefficaces. Les interrogateurs utilisaient même des lasers et des radars spéciaux pour repérer les moindres mouvements du visage des suspects et déceler ainsi leurs possibles mensonges. Les machines et leurs opérateurs, explique le rapport, ignoraient tout de la culture et donc des réactions des personnes qu’ils interrogeaient, ce qui contribuait à des erreurs constantes, et à bien des injustices.

Philippe Coste

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