Le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, a prévenu que le Sahel est à nouveau le « foyer » du djihadisme qui finit par gagner l’Europe, notamment avec ses racines dans des pays qui ont été le théâtre de coups d’État comme le Mali, le Burkina Faso ou, le dernier cas, Niger.
Dans une interview au journal ‘Var Matin’, Lecornu a indiqué que son pays soutiendrait toute décision que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest déciderait d’adopter sur la junte putschiste nigérienne, à la tête du pays depuis la fin du mois dernier, tant qu’il réalise le « rétablissement de l’ordre constitutionnel ».
Cependant, le ministre a exprimé son inquiétude face aux événements de ces derniers mois dans la région. Face à l’idée générale que la France perd de l’influence dans la zone au profit des putschistes et de sa relation avec la Russie, Lecornu a expliqué que « la réalité est que la France est particulièrement influente en Afrique, elle est très exposée justement parce qu’elle est influente ». et, parce qu’elle est très exposée, elle fait l’objet de manœuvres de déstabilisation ».
Le ministre a assuré que l’idée que les putschistes aient pris le pouvoir désabusés par le manque d’implication de la France dans la lutte contre le djihadisme est totalement contraire à la réalité. « Lorsque la junte a fait un coup d’État au Mali, elle a cessé de lutter contre le terrorisme », a déclaré Lecornu.
En conséquence, selon le ministre de la Défense, « aujourd’hui 40% du territoire malien est livré à des groupes terroristes armés qui menacent de reconstituer une forme de califat », en référence au contrôle territorial dont l’État islamique a fait preuve lors de son expansion par Syrie et Irak.
« Ce n’est pas une question d’influence, mais de sécurité collective : on ne peut s’empêcher de percevoir qu’un grand foyer terroriste est de nouveau à deux pas de la côte méditerranéenne », a-t-il ajouté.
En définitive, le ministre a invité « à mener un exercice de sang-froid » en rappelant que « les véritables victimes de ce qui se passe aujourd’hui sont, avant tout, les populations des Etats africains touchés ».
En ce qui concerne le déploiement français au Niger – forces de l’opération « Barkhane » qui se sont retirées dans le pays africain après avoir quitté le Mali – « nos soldats sont habitués aux situations compliquées », a affirmé le ministre avant de rappeler que le déploiement français est dans le pays à l’invitation du président déchu, et détenu depuis le coup d’Etat, Mohamed Bazoum.