Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé ce jeudi, ce qui était déjà un secret de polichinelle, que la France retire toutes ses troupes déployées au Mali dans le cadre de l’opération ‘Barkhane’ et aussi de la force ‘Takuba’ dont elles font également partie autres pays européens et le Canada. Elle met ainsi fin à sa plus grande opération à l’étranger et la plus longue depuis l’Algérie.

L’opération a commencé le 11 janvier 2013, d’abord sous le nom de ‘Serval’, à la demande des autorités maliennes qui ont vu comment les groupes jihadistes avançaient inexorablement vers Bamako après avoir ‘détourné’ la rébellion touareg qui avait commencé quelques mois plus tôt. dans le nord du Mali.

Le 2 février 2013, le président français de l’époque, François Hollande, proclamait triomphalement depuis Bamako : « Nous avons gagné cette guerre ». « Le terrorisme a été repoussé, il a été persécuté mais il n’a pas encore été vaincu », a souligné le président dans des propos prémonitoires à la lumière de ce qui s’est passé plus tard, assurant que la France était aux côtés des Maliens non par intérêt mais pour qu’ils vivrait « en paix et en démocratie ».

En 2014, « Serval » devient « Barkhane », englobant non seulement le Mali, où l’essentiel du contingent gaulois est resté -quelque 2 400 actuellement-, mais aussi tous les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina Faso).

RÉSULTATS OBTENUS

Pourtant, l’opération antiterroriste française n’a pas obtenu le résultat escompté ces dernières années puisque les djihadistes, notamment l’actuelle branche d’Al-Qaïda au Sahel, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), ont continué d’avancer. depuis le nord du Mali vers d’autres régions et ont également étendu leurs tentacules au Burkina Faso voisin, désormais le pays le plus touché, et à l’ouest du Niger.

L’État islamique au Grand Sahara (ISGS), la filiale pour le Sahel, est également présent dans cette équation, actif surtout dans la triple zone frontalière entre ces pays, principalement au Burkina Faso et au Niger. En outre, depuis un an, la menace s’est étendue aux zones frontalières des pays du golfe de Guinée, notamment la Côte d’Ivoire et le Bénin, et dans une moindre mesure le Togo.

Conscient de cette nouvelle réalité, en janvier 2020, lors du sommet de Pau avec les dirigeants du G5 Sahel, Macron a annoncé un renforcement de « Barkhane », portant le contingent à plus de 5 000 hommes et désignant comme ennemi « numéro 1 » ISGS et son chef, Adnan Abu Walid al Sahraoui, tué dans un attentat à la bombe l’été dernier.

Le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abdelmalek Drukdel, qui a également été tué dans un attentat français en juin 2020, et d’autres dirigeants d’Al-Qaïda et de l’État islamique, ainsi que des centaines de ses partisans, ont également subi le même sort.

RELATION COMPLIQUÉE AVEC BAMAKO

Cependant, malgré ces succès, les relations avec les autorités de Bamako se sont détériorées au fil des ans, et il y a également eu un sentiment anti-français croissant parmi la population. Le coup d’État d’août 2020 contre Ibrahim Boubakar Keita a été un tournant que l’autocoup d’État de la junte militaire en mai dernier n’a fait qu’aggraver.

En este contexto, Macron anunció el pasado junio la reorganización de ‘Barkhane’, con la idea de disminuir la presencia de tropas francesas en Malí y potenciar por contra la fuerza ‘Takuba’, integrada por fuerzas especiales de Francia y de otros países europeos además du Canada. Dans le cadre de ce plan, le gouvernement français a procédé ces derniers mois à la fermeture des bases de Tessalit, Kidal et Tombouctou, dans le nord du Mali.

La décision française est tombée comme une carafe d’eau froide à Bamako et a déclenché un carrefour de reproches. Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maiga, a accusé la France d’avoir abandonné le Mali « en plein vol », ce à quoi Macron a répondu en critiquant la légitimité de la junte militaire.

MERCENAIRES RUSSES

A cela s’ajoute un nouvel élément de confrontation : le projet de Bamako d’embaucher des mercenaires russes de la firme Wagner, connue pour ses exactions dans d’autres pays comme la République centrafricaine (RCA). Après le démenti initial, le Gouvernement de transition malien a confirmé son intérêt et a défendu qu’il était dans son droit de chercher ailleurs de l’aide pour sa sécurité.

Paris a précisé dès le départ que le déploiement de mercenaires russes était une « ligne rouge ». « C’est absolument inconcevable avec notre présence », a prévenu le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Mobilisée par la France, l’UE a imposé des sanctions à Wagner à la mi-novembre, mais cela n’a pas dissuadé les autorités maliennes de leurs projets, puisque fin décembre Paris et 15 autres pays – dont l’Espagne – ont condamné dans un communiqué commun « le déploiement de mercenaires en territoire malien ».

Bamako a répondu à cette accusation, assurant que la seule chose sur son territoire était des entraîneurs militaires russes, même si, après des semaines de démenti des plus grands, le président russe Vladimir Poutine a fini par confirmer il y a quelques jours, en présence de Macron, qu’il y a Mercenaires russes au Mali. Selon les estimations françaises, il y en aurait déjà environ 1 000.

La décision de retirer les troupes du Mali a également été accélérée par l’expulsion de l’ambassadeur de France de Bamako le 31 janvier. La France a annoncé qu’elle allait analyser la continuité de sa présence avec ses partenaires de ‘Takuba’, dont beaucoup ont également exprimé leur désir de ne pas continuer dans le pays, dont le Danemark, qui a été contraint de retirer son contingent après que Bamako a dénoncé qu’il n’avait pas l’autorisation nécessaire.

UNE RETRAITE COORDONNÉE

Le retrait est désormais officiel et, comme la France et ses alliés l’ont précisé, il se fera de manière « coordonnée » avec les pays de la région, mais aussi avec l’UE et l’ONU, puisque le départ des troupes françaises aura un impact sur la présence de la mission européenne de formation, EUTM Mali, mais aussi de la MINUSMA.

Pourtant, malgré le fait que l’objectif affiché de mettre fin au terrorisme n’ait pas été atteint et les 53 victimes enregistrées ces neuf dernières années -48 au Mali-, Macron a catégoriquement exclu de parler d’échec. Si la France n’était pas intervenue en 2013, s’est-il défendu, « l’Etat malien se serait effondré » voire « la prise de contrôle de l’intégrité du territoire par des groupes terroristes » aurait eu lieu.

Le président français a également précisé que le départ du Mali ne signifie pas que la France ne continuera pas à combattre le djihadisme au Sahel. Ainsi, il a précisé que les troupes françaises au Burkina Faso resteront et se « réarticuleront » avec les forces du Niger, où les forces françaises disposent également « du dispositif afro-européen ».

Le communiqué conjoint explique qu’« à la demande de ses partenaires africains et sur la base des discussions sur les futures modalités d’action conjointe, il a été convenu de maintenir une action conjointe contre le terrorisme dans la région du Sahel, notamment au Niger et dans le golfe de Guinée ». . Pour cela, des discussions auront lieu pour déterminer « les paramètres de cette action » avant juin 2022.

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