Les autorités françaises ont regretté ce lundi que la junte militaire du Burkina Faso ait suspendu les émissions de la chaîne de télévision France 24 après la publication d’une interview du chef du groupe terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abu Ubaidá Yusef al-Anabi.

Le ministère français des Affaires étrangères a souligné dans un communiqué son « engagement constant » en faveur de la liberté de la presse, de la liberté d’expression, ainsi que de la protection des journalistes et de tous ceux qui contribuent à une information libre et plurielle.

De son côté, l’UE s’est également prononcée contre cette décision et a assuré que les accusations portées par le gouvernement du Burkina Faso contre la chaîne, qu’ils ont qualifiée d' »agence de communication pour les journalistes », sont « graves et totalement injustifiées » .

« Suite à la suspension de la station RFI en décembre 2022, les autorités burkinabé envoient des signaux très négatifs à leurs compatriotes, dont beaucoup écoutent et apprécient ces médias », a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères, Peter Stano, dans un communiqué.

« La lutte contre le terrorisme est compatible avec la liberté de la presse et la liberté d’informer, qui sont des éléments essentiels d’une société pacifique et démocratique, et ne doit pas être utilisée comme prétexte pour limiter le travail des médias et des journalistes indépendants », a-t-il conclu. .

Après avoir annoncé la mesure, le porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, a exprimé son « regret » de « voir que le chef d’une organisation terroriste comme AQMI, reconnue comme telle par l’ensemble de la communauté internationale, puisse bénéficier d’importants éditoriaux de France 24 à s’exprimer sur l’antenne de la chaîne ».

« Cette organisation, faut-il le rappeler, s’inscrit dans la lignée du terrorisme djihadiste et est responsable de crimes atroces qui ébranlent la conscience humaine et ont fait des milliers de victimes à travers le monde », a-t-il rappelé, avant de dénoncer qu’AQMI « alimente la violence et la barbarie terroriste ». contre les populations pacifiques de la bande sahélo-saharienne ».

En ce sens, il a souligné que le groupe terroriste « a des plans désastreux » pour le Burkina Faso et a fait valoir qu’en lui accordant cet entretien, « France 24 n’agit pas seulement comme une agence de communication pour les terroristes, mais offre un espace de légitimation pour leurs actions terroristes et leurs discours de haine ».

En réponse, la chaîne française a déclaré avoir pris connaissance de la décision par le biais du communiqué du gouvernement et a souligné qu’elle « regrette la décision et rejette les accusations infondées qui remettent en cause le professionnalisme de la chaîne ». Ainsi, elle a souligné qu' »il n’a pas directement donné la parole » au dirigeant d’AQMI et ajouté qu' »il a relaté ses propos sous la forme d’une chronique qui a permis une prise de distance et une contextualisation nécessaires ».

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