Jay-Z veut donner aux entrepreneurs noirs leur chance sur le marché du cannabis

Jay-Z veut donner aux entrepreneurs noirs leur chance sur le marché du cannabis

Plus de la moitié des États américains ont légalisé le cannabis. Alors que les minorités sont les plus condamnées pour trafic de stupéfiants, elles sont exclues de ce juteux marché. Le rappeur lance un fonds de 10 millions de dollars pour changer la donne.
 

Ils sont les premiers à être condamnés pour trafic et consommation de drogue mais sont exclus des bénéfices juteux issus du marché du cannabis légal. C’est pour renverser la donne que le rappeur Jay-Z lance un fonds de 10 millions de dollars de soutien aux start-up du secteur lancées par des membres de minorités, rapporte le Wall Street Journal.

“Nous [personnes de couleur] sommes les plus touchées par la guerre contre la drogue”, déclare le musicien. Alors que “l’Amérique a fait volte-face et créé un business qui vaut des milliards”, les Afro-Américains en sont exclus, estime l’entrepreneur Shawn “Jay-Z” Carter.

“Visionnaire en chef”

Depuis que la Californie a légalisé la marijuana thérapeutique, il y a vingt-cinq ans, la culture du cannabis est un marché à 20 milliards de dollars. Il pourrait dépasser les 70 milliards de dollars annuels du marché du vin d’ici à 2030, selon les estimations de la banque d’investissement Cowen & Co.

Jay-Z amorce ce fonds d’investissement avec 10 millions de dollars (8,2 millions d’euros). En octobre, il avait lancé sa propre ligne de cannabis haut de gamme, Monogram, avec le soutien de la société Caliva, rachetée depuis par une entreprise canadienne qui l’a nommé “visionnaire en chef” (chief visionary officer) au sein de The Parent Company (TPCO), la branche en charge des projets de développement autour du cannabis. TPCO investira “jusqu’à 1 million de dollars dans chaque start-up de cannabis choisie” et injectera “2 % de ses bénéfices chaque année” dans des projets défendant les minorités, explique le quotidien de Wall Street.

Le cannabis est légal dans 35 États américains

En novembre 2020, les électeurs américains ont, au même moment que l’élection présidentielle, choisi d’approuver la consommation de cannabis récréatif en Arizona, dans le Montana, dans le New Jersey et dans le Dakota du Sud. Le Mississippi a approuvé son usage médicinal, portant à 35 (sur 50) le nombre d’États américains qui ont légalisé le cannabis, rappelle le Wall Street Journal.

Cependant, d’après une étude de 2017, “les Noirs sont incarcérés de cinq à sept fois plus que les Blancs pour des infractions liées à la drogue”. Selon l’American Civil Liberties Union, une association de défense des libertés, les Africains-Américains ont été “quatre fois plus susceptibles d’être arrêtés pour possession de marijuana en 2018, alors que les statistiques montrent que les Blancs ont une consommation supérieure”.

Dans le Massachusetts, où le cannabis est légal depuis 2016, “moins de 6 % des quelque 7000 gérants enregistrés pour vendre ou cultiver du cannabis dans l’État sont noirs”. Et “dans l’État de Washington, la part des propriétaires d’entreprises africains-américains vendant légalement du cannabis est d’environ 3 %”. À noter : la très faible proportion d’entreprises aux États-Unis appartenant à des Noirs : 10 % (en 2017).

“Je voulais faire quelque chose de concret”, a expliqué au Wall Street Journal le mari de Beyoncé, qui dit avoir été influencé par la “solution à 2 %” proposée par Robert Smith après la mort de George Floyd. L’investisseur, l’un des plus puissants de la communauté africaine-américaine, avait émis l’idée que pour résoudre le racisme endémique et la discrimination des personnes de couleur, chaque entreprise devrait attribuer 2 % de ses bénéfices à des entrepreneurs de couleur.

Le marché du cannabis légal ajouterait encore de la discrimination à l’égard des minorités, suggère Jay-Z. Les licences d’autorisation peuvent coûter jusqu’à 250 000 dollars selon les États, somme que de petits entrepreneurs ont les plus grandes difficultés à se procurer, notamment parce que les grandes banques “ne prêteront pas à un secteur qui demeure illégal à l’échelon fédéral”.

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