Le nombre d’arrondissements à Paris pourrait être abaissé de vingt à dix-sept, c’est la proposition qu’Anne Hidalgo portera en Conseil de Paris le 15 février prochain. Son idée: fusionner les quatre arrondissements centraux de la capitale : Ier, IIe, IIIe et IVe arrondissements sous l’égide d’un seul et unique conseil municipal, pour davantage de cohérence et d’efficacité.
Certaines voix, comme celle de Jean-François Legaret, maire Les Républicains du Ier arrondissement, s’élèvent contre un projet qu’ils entendent comme un pur calcul politique et qui desservirait les habitants des arrondissements concernés. Christophe Girard (PS) en tant que maire du IVe est, lui aussi, directement concerné par la fusion. Entretien.
Soutenez-vous le projet de fusion des quatre arrondissements centraux de Paris, avancé par Anne Hidalgo ?
Oui, je fais partie des élus qui le porteront la semaine prochaine devant le Conseil de Paris. Nous nous sommes déjà réunis une dizaine de fois pour en discuter et, à mon sens, c’est une très bonne chose.
Si l’on regarde la dimension démographique de Paris, on remarque que les arrondissements sont très disparates en termes de densité. Le centre, c’est-à-dire l’addition du Ier, du IIe, du IIIe et du IVe, représente 100 000 habitants. Aujourd’hui, le ratio de population entre le 4e et le 15e arrondissement est de 1 à 15. Il s’agit donc simplement de rendre le découpage administratif cohérent. Par ailleurs, il existe des incongruités : l’île de la cité est pour moitié dans le Ier et dans le IVe arrondissement, il faudrait une position commune.
En revanche, nous conserverons les codes postaux, qui ont une dimension historique. Chacun aime dire qu’il habite tel ou tel quartier, soit le 1er, le 4e, le 3e ou le 2e.
Quel intérêt la fusion représente-t-elle concrètement pour vous, élu?
Aujourd’hui, en tant que maires de petits arrondissements, nous n’avons pas assez de force de proposition face aux secteurs plus peuplés. L’idée est que nous puissions discuter d’égal à égal avec le XVe, le XIIIe ou le XVIIIe, qu’on ne nous considère plus comme de petits secteurs qui n’ont que de petits problèmes. Pour l’instant, c’est David et Goliath, on est tout petits et on a autant de travail pour moins de force de frappe!
On est à l’étroit, on a de tout petits budgets d’action locale: pour faire de petits travaux dans les écoles, jardins, mairies, pour porter des projets culturels. Avec un secteur plus grand, on aurait davantage de moyens. Et puis ce n’est pas n’importe quel secteur : il comprend le musée du Louvre, Notre Dame, le centre Pompidou, le Carreau du Temple, la place de la République… Ca devient un mandat plus consistant.
Mais pour les citoyens, c’est moins de proximité… Le maire du Ier arrondissement explique par exemple qu’il est le seul à se rendre disponible chaque semaine pour rencontrer les citoyens de son arrondissement. Ce ne sera plus possible quand ils seront 100 000…
C’est faux, tout le monde le fait ! Le maire du XVIIIe arrondissement (Eric Lejoindre, ndlr) et la maire du XXe (Frédérique Calandra, ndlr) tiennent également leur permanence. Et ici, dans le centre, tout est à côté ! On est sur de petites superficies.
Et comment font le XVe ? le XIIIe ? Nous gérerons 100 000 personnes certes mais avec un conseil municipal beaucoup plus large: un conseil de secteur composé des élus et adjoints des quatre anciens arrondissements. L’idée est précisément de travailler sur la proximité. On ne va pas démolir nos quatre mairies, mais s’en servir et développer des antennes ici ou là, j’encourage d’ailleurs les maires des grands arrondissements à en développer.
Sur les quatre arrondissements visés par la fusion, les élus sont majoritairement de gauche (deux maires PS, un maire EELV et un maire LR). Aux prochaines élections municipales, la fusion pourrait profiter à la gauche ?
Il n’y a dans ce projet aucun calcul d’ordre politicien ou électoral. Qui peut savoir ce que sera la vie politique en 2020? Dans le IVe arrondissement aux dernières élections municipales, nous étions à 50/50 avec la droite. Dans le IIIe, Pierre Aidenbaum n’a pas réalisé les scores de 2008, il a du aller au second tour… Rien n’est joué d’avance.
C’est tout le contraire, Anne Hidalgo essaie de ne pas tomber dans le piège tendu par l’opposition qui est de comprendre cette réforme comme un calcul politicien. Elle a renoncé à d’autres projets comme la réunion des VIIIe, IXe et Xe arrondissements, comme cela a été proposé par les Verts, ou encore celle des Ve, VIe et VIIe parce que dans les deux cas, la carte politique s’en trouvait modifiée. Là dessus, cela me semble très clair, honnête et juste. Peut-être que la droite emportera le centre, la priorité est la cohérence.
Propos recueillis par Joséphine Devambez