Emmanuel Macron s’est montré comme un leader politique détaché des forces traditionnelles, comme un détracteur de la gauche et de la droite, comme un défenseur de l’Europe et comme un leader jeune et risqué. Malgré cela, son parcours n’a pas été déconnecté du pouvoir politique et économique français et ses propositions ont viré d’un côté ou de l’autre du spectre idéologique selon les contextes. Le président actuel cherchera à être réélu lors des élections du 10 avril.
Antisystème, libéral, pro-européen, caméléon, innovant, séducteur, voire opportuniste, sont quelques-uns des adjectifs qui ont été attribués à Emmanuel Macron. Difficile à rentrer dans les catégories traditionnelles de la politique française, l’actuel président a explicité sa quête pour sortir des étiquettes.
Un objectif qui a captivé bon nombre d’électeurs en 2017 et qui a secoué la façon de faire de la politique de ses adversaires. Les drapeaux du changement ont permis à Macron de prendre rapidement pied dans l’arène politique, même s’il ne s’était présenté à aucune élection populaire.
Ainsi, Macron s’est adressé aux Français fatigués des partis traditionnels et a promis de mettre fin aux pratiques pachydermiques, à droite comme à gauche. Il leur a assuré un renouveau de la France et a fini par battre, au second tour, la candidate d’extrême droite Marine le Pen avec plus de 66 % des voix.
Aujourd’hui, Macron brigue un second mandat. Après avoir donné une longue attente pour annoncer sa candidature, l’actuel président devra affronter une France différente après les troubles sociaux menés par les « gilets jaunes », la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Trois jalons qui ont marqué son mandat.
Le président des « inédits »
Quand Emmanuel Macron arrive à l’Elysée en 2017, il devient le plus jeune président de la République française. Un exploit historique, rendu encore plus particulier par le fait d’avoir remporté les élections à la tête d’un mouvement politique qu’il a lui-même créé et qui n’avait pas d’élus.
Juste un an avant de se consacrer vainqueur, l’actuel président a annoncé son mouvement « En marche ! (En Marche !) à Amiens, sa ville natale.
Macron est né en 1977 dans une famille de médecins, son père était professeur de neurologie et sa mère pédiatre et conseillère médicale. Il a deux frères qui ont suivi le chemin de leurs parents. Seulement, il s’est consacré à la politique.
Là aussi, Macron a fait les premiers pas de son éducation. Il a étudié au Collège des Jésuites Providence à Amiens et a appris à jouer du piano au Conservatoire de cette ville. Il quitte les lieux pour terminer son bac au lycée privé Henri IV à Paris.
Bien des années plus tard, cette ville du nord de la France marquera le lancement de sa carrière politique qui trouvera très vite de fidèles adeptes et le mènera à la présidence.
Maintenant, lui et son mouvement politique « En Marcha! » Ils font face à de nouvelles élections. Pour l’instant, le président est en tête dans les sondages.
L' »anti-système » au sein du système
Un « outsider », c’est ainsi qu’Emmanuel Macron se définit. Un anti-système détaché de la politique traditionnelle. Pourtant, son parcours à l’Elysée est loin de rompre avec les modèles classiques et avec l’élite du pays.
Après des études de philosophie à l’université de Nanterre, Macron entre à l’Institut des sciences politiques (« Sciences Po »). Un parcours académique qui s’est terminé à l’École nationale d’administration (ENA), l’une des plus prestigieuses du pays, choisie par nombre de ceux qui finissent par occuper des postes publics français d’élite.
Peu de temps après, Macron est passé d’inspecteur financier à occupant les postes les plus importants de Rothschild et Compagnie, l’une des banques d’investissement les plus prestigieuses de France.
Il y était chargé de superviser l’acquisition par Nestlé d’une filiale de Pfizer. Un contrat qui a dépassé les 10 000 millions de dollars et qui a laissé des millions de bénéfices à l’actuel président.
Cependant, Macron a quitté le secteur privé pour se reforger une carrière politique dans le secteur public. Celle qui a débuté en 2012 lorsqu’il a été nommé secrétaire général adjoint de la présidence de François Hollande. Et en 2014, il devient ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique.
Son passage par ledit portefeuille n’était pas sans rapport avec des polémiques. Le président a proposé une loi, qui porte son nom, pour « la croissance de l’activité et l’égalité des chances économiques ».
Sur le papier, la norme entendait mener à bien un grand nombre de réformes comme l’extension de l’ouverture du dimanche pour les commerçants, l’accélération des procédures devant le conseil des prud’hommes ou la modification de la réglementation des licenciements collectifs.
Cependant, la loi a suscité la colère d’une bonne partie de la population française et même le rejet du Parlement. Ses détracteurs ont affirmé qu’il allait à l’encontre des idéaux «socialistes» français.
Le Gouvernement a même dû invoquer l’article 49, rarement utilisé en France, pour pouvoir se passer du vote des députés et le voir approuvé en 2015.
Peu de temps après, Macron a quitté le gouvernement et a présenté sa candidature de manière indépendante, mais ayant eu une solide proximité avec le pouvoir politique et économique.
Ni de droite ni de gauche ?
« Pour être ému par le discours de François Mitterrand sur l’Europe, quelques semaines avant sa mort, fallait-il être de gauche ? Pour éprouver de la fierté lors du discours de Jacques Chirac au Vel d’Hiv, fallait-il être de droite ? Non, il fallait être français », a déclaré Macron dans l’un de ses discours à Lyon.
Macron justifie ses sauts idéologiques continus par la nécessité de briser les clivages entre la gauche et la droite pour « refonder par le bas ».
Dans son autobiographie, ‘Revolución’, il se qualifie de gauchiste, mais en même temps il prône le « centrisme ».
Et malgré le fait que son manque de définition soit l’un des aspects qui lui a valu le soutien des deux côtés de l’échiquier politique, c’est aussi l’une de ses caractéristiques les plus critiquées par ses adversaires : son incapacité à prendre parti.
Ainsi, comme le montre le portail ‘Insider’, Macron a été « progressiste » sur les questions sociales, il s’est vendu comme « libéral » sur les aspects économiques, défendant la déréglementation, réduisant les impôts sur le capital et augmentant le salaire minimum.
Pourtant, le média ‘The World Order’ assure que Macron a connu un virage à droite significatif durant son mandat. Expliqué, en partie, comme une stratégie pour gagner des voix de l’électorat conservateur lors des prochaines élections.
Preuve en est la nomination en 2020 du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, un conservateur sympathisant avec certains mouvements d’extrême droite. En même temps que la loi sur la sécurité mondiale et la loi contre le « séparatisme religieux » qui gagnerait de nouveaux suffrages à droite.
Le « maître » de l’image
Il suffit de regarder attentivement le premier discours d’Emmanuel Macron en tant que président élu de la France pour corroborer que le leader de ‘On the Move !’ c’est un maître de l’image. Le décor devant l’emblématique musée du Louvre, ses paroles lentes et ses éclairages vont de pair avec la promesse du président de faire resurgir la France, la faire briller à nouveau.
Selon Moussa Bourekba, chercheur au Centre des affaires internationales de Barcelone, Macron marque dès ce jour une rupture avec son prédécesseur, François Hollande, et veut montrer « le statut traditionnel du président de la République tel que conçu par le père de la Ve République, Charles de Gaulle : celui d’un homme providentiel, « pierre angulaire » des institutions et « arbitre » au-dessus des contingences politiques ».
Au cours de sa campagne politique et également à la présidence, Macron a fait un usage constant du symbolisme. Il a également créé une image décontractée mais élégante, cherchant à paraître jeune et confiant en même temps. Macron est soucieux du détail, jusque dans le choix de ses cravates.
De plus, son maniement du langage a été l’un des aspects qui ressortent de chacun de ses discours. C’était peut-être l’un des grands enseignements d’une de ses grandes passions : le théâtre.
C’est aussi sur scène que le président a rencontré son épouse Brigitte Trogneux. Une histoire d’amour qui a commencé lorsque Macron avait 17 ans. Elle était plus nombreuse que lui de 24 ans, avait des enfants et était mariée.
Malgré le refus de la famille Macron, ils se marieraient en 2007. Une relation qui a aussi influencé leur image, qui selon le média ‘Le Soleil’ est soignée par la spécialiste, Michèle Marchand.
Le pro-européanisme, un autre des drapeaux de Macron
Dès le début de sa campagne, Macron a défendu sa position pro-européenne. Le président a entrepris de renforcer l’UE au cours de son mandat et d’être l’un de ses leaders sur cette voie. A peine arrivé à l’Elysée, le président a visité plusieurs pays du bloc qui ne sont pas des destinations habituelles pour les présidents français.
Désormais, Macron a le devoir de tenir les rênes de la présidence tournante de l’Union européenne. Une période de six mois qui coïncide avec sa propre campagne pour sa réélection.
Peu avant que la guerre en Ukraine n’éclate, aux portes du bloc, Macron avait promis une Europe plus « sûre », « humaine » et « puissante ». Le président a cherché à se montrer leader et médiateur du conflit, l’un des défis en suspens en vue des élections d’avril.