L’expérimentation française d’un nouvel “indice de réparabilité”, entré en vigueur au début de l’année, vise à réduire le gaspillage d’énergie et de matières premières généré par les cycles de production des appareils électroniques. Elle pourrait ouvrir la voie à une réglementation européenne et inspirer d’autres pays.
L’un des grands combats écologiques contemporains consiste à limiter “la création intentionnelle de produits à durée de vie limitée qui doivent être remplacés fréquemment” et à progresser vers “une économie davantage circulaire où les déchets sont minimisés”, plaide Grist, spécialiste des sujets liés à l’environnement. Et, selon le site américain, la France ferait figure de pionnière mondiale dans ce domaine.
Depuis le 1er janvier 2021, un “indice de réparabilité” est apparu sur toute une gamme d’appareils électroniques en France, notamment les smartphones et ordinateurs portables. L’objectif de cette norme, qui deviendra obligatoire à partir de l’année prochaine, est de combattre l’obsolescence. Elle valorise les produits qui offrent un démontage facile, proposent des pièces détachées et s’accompagnent de documents techniques guidant la réparation.
40 % des appareils électroniques réparés
Ces dernières années, la réparation des appareils électroniques s’est complexifiée, notamment à cause de la diversification des composants électroniques conçus par les entreprises. Les appareils nécessitent souvent des outils spécifiques pour être démontés et certaines pièces de rechange ne se dénichent que très difficilement.
Autant d’obstacles qui poussent la majorité des consommateurs à racheter de nouveaux équipements neufs, lesquels nécessitent de l’énergie et des ressources supplémentaires pour être produits. En France, seuls 40 % des appareils électroniques hors d’usage ont été réparés en 2020.
Vers une réglementation européenne
L’expérimentation française pourrait servir de “test décisif pour les autres pays qui hésitent à adopter ce genre de réglementation”, note le site américain. En novembre, le Parlement européen s’était déjà prononcé en faveur d’un indice de réparabilité commun aux membres de l’Union européenne. Les autres pays scrutent désormais la France pour évaluer l’impact réel de sa mesure sur la consommation.
Les premières études menées pour l’Union européenne tendent à prouver que les consommateurs seraient “prêts à payer beaucoup plus cher pour un produit plus durable”, souligne Grist. Toutefois, le fait que les entreprises françaises seront elles-mêmes chargées de noter leurs propres produits interroge.
“Bien sûr, nous avons constaté des abus de certains fabricants avec ce type de système de notation dans le passé”, reconnaît Kyle Wiens, à la tête du site iFixit, qui a inspiré et conseillé le gouvernement français. Mais les partisans de la mesure affirment que la simple reconnaissance d’une valeur de la réparabilité devrait inciter les fabricants à faire évoluer leurs pratiques.