Imitant le mouvement des camionneurs d’Ottawa, les automobilistes français arrivent à Paris. Les « convois de la liberté » sont partis depuis mercredi de diverses régions du pays vers la capitale, bien que le préfet de Paris ait interdit toute concentration dans la ville ce week-end. Emmanuel Macron a appelé ce vendredi à maintenir « le plus grand calme ».

Des milliers de camions, voitures, motos et caravanes sont attendus ce vendredi et ce week-end dans la capitale française.

Le mouvement, qui se fait appeler le « convoi de la liberté », vise à bloquer Paris jusqu’à ce que plusieurs points soient accordés, à savoir la levée des restrictions sanitaires et du pass vaccination, mais aussi des revendications salariales et même la démission du gouvernement. Il a été identifié que la plupart des organisateurs sont liés au mouvement des gilets jaunes.

Des milliers de manifestants doivent également prendre part à des marches dans la capitale, la principale partant de la place du Palais Royal jusqu’au ministère de la Santé, samedi.

La préfecture, qui a interdit ces blocages, a renforcé la sécurité à Paris avec le déploiement de nouvelles unités de police. 7 200 policiers et gendarmes seront mobilisés dans la capitale ce week-end. Les autorités craignent d’éventuels actes de violence comme ceux qui se sont produits lors des manifestations des gilets jaunes, qui ont débuté en 2018.

Dans un entretien accordé à Ouest-France lors de son séjour à Brest ce vendredi, le chef de l’Etat a déclaré que « nous sommes tous collectivement fatigués de ce que nous avons vécu ces deux dernières années. Cette fatigue s’exprime de diverses manières : avec le désordre chez certains, avec dépression chez d’autres. On constate une souffrance psychique très forte chez nos jeunes et moins jeunes. Et parfois, cette fatigue s’exprime aussi sous forme de colère. Je l’écoute et la respecte », a-t-il toutefois exhorté. « le plus grand calme », ​​concluant : « il faut de la concorde, beaucoup de bonne volonté collective ».

Un geste inspiré des « camionneurs » d’Ottawa

Au Canada, le mouvement a commencé avec des camionneurs qui critiquent les mesures sanitaires qui les touchent, comme l’obligation de se faire vacciner pour traverser la frontière avec les États-Unis. Elle s’est progressivement transformée en une protestation générale contre l’ensemble des mesures sanitaires et contre le gouvernement.

Depuis près de deux semaines, les manifestants bloquent la capitale, paralysant le centre-ville et certaines autoroutes stratégiques, dont les routes frontalières. Les blocages ont déjà provoqué des conséquences économiques et de la lassitude de la part des autorités. Les États-Unis ont appelé jeudi les pouvoirs fédéraux canadiens à intervenir pour arrêter la manifestation et la police d’Ottawa a menacé d’arrêter les manifestants qui bloquaient les rues.

Contrairement au Canada, les Français ne manifesteront pas avec de gros camions car ils appartiennent généralement aux compagnies et non aux chauffeurs. Ils voyageront en voitures et en motos, la majorité.

Jean-Marie Azais, un retraité faisant partie du convoi du Sud-Ouest a déclaré à Reuters : « Ça fait trois ans qu’on circule… Vous regardez les Canadiens et vous vous dites ‘c’est formidable ce qu’ils font’, en huit jours, quelque chose a juste cliqué ».


Des supporters agitent des drapeaux et applaudissent alors que des chauffeurs de camions et de voitures, faisant partie d
Des supporters agitent des drapeaux et applaudissent alors que des chauffeurs de camions et de voitures, faisant partie d’un « convoi de la liberté » en route vers Paris, arrivent à Lyon, en France, le 10 février 2022. © GABRIEL BONNAVEIRA via REUTERS

Concentrations interdites à Paris

Les rassemblements sont interdits dans la capitale jusqu’à lundi et les participants s’exposent à des amendes voire à une arrestation. La préfecture a annoncé ce jeudi dans un communiqué qu' »un dispositif spécifique sera mis en place (…) pour éviter les barrages routiers, et pour sanctionner et détenir ceux qui violent l’interdiction », qui entre en vigueur vendredi.

Le Premier ministre Jean Castex a pour sa part déclaré dans une interview télévisée qu’il ne permettrait pas que « des attaques virulentes contre la vaccination soient associées au mot ‘liberté' ». « La liberté de manifester et de défendre son opinion est garantie par la Constitution dans notre pays, mais pas la liberté de bloquer », a-t-il déclaré.

Le convoi, actuellement assez mesuré, vise à bloquer la capitale française avant d’atteindre Bruxelles en Belgique, où les rassemblements ont également été interdits par les autorités.

Les autorités françaises ont indiqué qu’elles envisageaient de lever le carnet de vaccination entre mars et avril, selon les taux d’infections par le Covid-19.

Avec EFE, Reuters et les médias locaux

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